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  • André Lacasse

Le REER et le mythe de la date limite


Au mois de février de chaque année, nous sommes inondés par un déluge de publicités et de slogans nous encourageant à cotiser à notre REER avant la… « date limite ». En supplément, on perçoit habituellement un sentiment d’urgence dans le message.


Qui n’a pas entendu à la radio ou lu sur un site quelconque des formules telles que : « La date limite des REER est le 1er mars », « N’oubliez pas de contacter votre conseiller » ou, ma préférée, « C’est la saison des REER »?


Moi aussi, mon institution financière m’invite à les contacter en février même si elle devrait savoir que je suis mon propre planificateur financier. Les contacter non pas pour procéder à un exercice rigoureux de planification de retraite ni pour m’aider à atteindre mes objectifs financiers, mais plutôt pour acheter un REER avant la date fatidique du 1er mars!


Le REER et la date limite

De quoi me faire courir jusqu'à leur porte!


D’où vient cette « saison des REER »?


Les slogans tape-à-l’œil ont été inventés à une époque lointaine par les départements de marketing d’institutions financières voulant créer un sentiment d’urgence chez les consommateurs. Car nulle part il n’est indiqué qu’un REER doit être acheté pendant les 60 premiers jours de l’année.


Ne commettez pas l'erreur d’« acheter un REER » de cette manière.


Il est vrai que l’Agence de revenu du Canada (ARC) et Revenu Québec vous permettent de déduire des revenus de l’année précédente vos cotisations effectuées durant ces fameux 60 premiers jours. Mais rassurez-vous, une cotisation effectuée en juin, en septembre ou en décembre fait tout aussi bien le travail!


Ceci m’amène à me poser une question : si vous avez pris le temps d’effectuer une planification de retraite, pourquoi se préoccuper de tout ce tapage médiatique?


Une planification de retraite c’est quoi?


Si vous avez un conseiller ou un planificateur financier qui a pris le temps de travailler avec vous sur une planification de retraite sérieuse, il est fort probable que sa recommandation aura été d’investir un certain montant dans un REER ou dans un CELI.


Alors, vous n’aurez qu’à programmer une contribution automatique à tous les mois ou aux deux semaines.


Bien sûr, ce montant dépendra de plusieurs facteurs en lien avec des stratégies fiscales, comme le coût de vie à la retraite, l’inflation à prévoir, le rendement attendu, l’espérance de vie ou la valeur de votre rente RRQ, qui peuvent changer dans le temps, mais l’exercice a le mérite de tracer le chemin à suivre.


Et si vous êtes en affaires, sachez que votre réalité sera bien différente. La valeur de l’entreprise doit-elle être considérée? Devriez-vous investir dans une société de gestion? On comprend que ces questions doivent être abordées avant même de considérer acheter un REER à la va vite en février.


En prime, vos rencontres de suivi avec votre planificateur financier seront plus productives puisqu’elles serviront à ajuster le plan au besoin plutôt que de faire des transactions.


D’ailleurs, dans ma pratique, je n’ai pas plus de travail en février que durant n’importe quel autre mois. Pourtant, un fort pourcentage de mes clients contribue à leurs REER. Simplement, ils le font tout au long de l’année.


Courir, toujours courir après son REER


Je suis toujours étonné lorsque j’apprends que des gens achètent un REER à la dernière minute, sans avoir de plan. Cela peut mener à prendre de mauvaises décisions.


Le premier produit qu’on nous propose sans prendre le temps d’analyser rigoureusement les différentes options n’est pas nécessairement ce qu’il y a de plus approprié. Vous comprendrez que si vous avez un généreux régime de retraite à prestations déterminées indexé, la solution ne sera pas la même que si vous êtes à votre compte sans aucun filet de sécurité.


Il m’arrive de demander à un nouveau client de m’expliquer les raisons qui l’ont motivé à choisir tel ou tel produit. Je me fais souvent dire que « c’est ce qu’on m’a offert ».


Sans plus : pas de plan, pas de révision du régime de retraite, pas de questionnaire détaillé sur la situation financière ou familiale.


Pire encore, j’ai vu des gens emprunter pour cotiser à leur REER lorsqu’ils ont négligé de le faire. D’ailleurs, malgré mes 30 ans d’expérience, je ne saisis toujours pas en quoi le concept d’emprunter pour cotiser à son REER est avantageux pour un client.


Autrement dit, rien ne sert de courir en février, il faut partir à point, comme dans la fable du lièvre et de la tortue…


Alors, si vous êtes de ceux qui courent à la dernière minute pour investir dans un produit financier pour la retraite, je vous invite plutôt à demander à votre planificateur financier de vous aider à bâtir un véritable plan de retraite.


Vous n’avez pas de planificateur financier? Consultez le site de l’Institut québécois de planification financière (IQPF) pour en trouver un près de chez vous.


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