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  • André Lacasse

Des erreurs à éviter


Je constate qu’au cours des dernières années, les gens que je rencontre sont beaucoup plus sensibles aux questions qui touchent leur planification financière et leurs investissements.


Cependant, j’ai pu observer, depuis un an, des comportements qui ont causé des tors regrettables et ce, malgré tout ce que les conseillers peuvent dire à leurs clients. Je fais référence évidemment aux décisions émotives liées à la volatilité des marchés financiers depuis le début de 2022.


Les manchettes alarmistes ont certainement un impact sur la volatilité des marchés : guerre en Ukraine, relations tendues entre la Chine et les États-Unis, inflation ou encore la hausse des taux d’intérêts. Mais quand cela arrive, cette volatilité s’estompe souvent à court ou moyen terme.


Erreurs à éviter

Au 31 décembre 2022, l’indice phare de la bourse de New York, le S&P 500, a subi une baisse de 18,01% ce qui, je l’admets, peut donner des sueurs froides à un investisseur qui y a investi ses économies.


Imaginons un instant que cet investisseur ait décidé de transférer tous ses REER et CELI dans une investissement sans risque le 31 décembre 2022. Avec un placement garanti dont le taux d’intérêt est de 4% à 5% selon le terme, cela peut sembler une bonne affaire. Mais au moment d’écrire ce texte, soit le 15 août 2023, le rendement cumulatif de 2023 du S&P 500 atteint 16,51%.


Quelle aurait été la meilleure chose à faire? Être patient et analyser les rendements historiques ou sortir du marché?


Voilà pourquoi j’ai eu l’idée de partager 8 erreurs à éviter quand on gère des investissements. Pour chacune d’entre elles, je vous donnerai un exemple ou encore une anecdote vécue.

1. Se fier aux manchettes « tape à l’œil »

Les conseillers ne le diront jamais assez : tous les événements politiques d’envergure qui se passent sur notre planète risquent d’affecter les marchés boursiers à court terme. Les arbitragistes adorent! Mais ces soubresauts sont bien souvent éphémères. Que ce soit la crise des tulipes au 17e siècle, le Krach de 1929, la Seconde guerre mondiale ou le début de la crise de la COVID-19, les marchés finissent par reprendre le terrain perdu.


Qui plus est, ces crises à court terme affectent généralement quelques secteurs de l’économie mais pas tous. Avec une bonne diversification, la capture de la baisse est généralement moins prononcée.

2. Ne pas diversifier

Vous vous souvenez de Nortel Networks à 125$ l’action? Environ un an plus tard, l'action valait 0,67$. Un de mes clients travaillait pour ce « fleuron » de l’économie canadienne et, grâce à un généreux régime d’achat d’actions, avait accumulé une somme de plus de 300 000$. On comprend qu’il s’agit d’une valeur « sur papier ».


C’est bien, mais cela correspondait à 100% de ses placements ! J’avais beau lui expliquer l’importance de la diversification de portefeuille, la fulgurante croissance de la valeur de ses actions l’a rendu tellement confiant de devenir millionnaire rapidement que plus aucun conseil ne pouvait passer.


Il faut dire qu’à l’époque, son profil d’investisseur commandait de diversifier son portefeuille avec des produits sécuritaires comme les certificats de placements garantis…

3. S’autoproclamer expert

Jusqu’à tout récemment, je croyais la mode du « daytrading » qu’on a vue au Québec il y a une quinzaine d’années, reléguée aux oubliettes. Je me trompais parce que la mode, ça va et ça vient.


Ce qui est « tendance » devient dépassé mais redevient très « tendance » après quelques années.

Vers la fin de 2021, j’avais rencontré une personne qui, sachant que j’étais planificateur financier et représentant en épargne collective, s’était mise à me parler de ses finances avec une passion débordante. L’analyse technique, les ratios financiers, les sites pour initiés et tralala.


Il suivait des gars sans permis d’exercice sur Youtube qui vantaient les mérites des cryptomonnaies.


Investir n’est pas un jeu. Investir votre argent gagné avec tant d’effort est un exercice qui mérite une planification sur mesure qui commence par définir des objectifs uniques à long terme pour ensuite élaborer une stratégie en lien avec vos besoins.

4. Se fier uniquement aux conseils d’un seul conseiller

Les conseillers que je connais ont les connaissances et compétences nécessaires pour vous aider à gérer vos placements. Cependant, une deuxième opinion pour quelque chose d’aussi important que votre patrimoine demeure souhaitable.


Ce qu’il faut savoir est que les services offerts peuvent être très différents d’un conseiller à l’autre. Certains ne font que la gestion des investissements alors que d’autres offrent des services de planification de retraite. Et certains ont un accès limité aux produits financiers disponibles. Posez des questions à votre planificateur financier et notez bien ses réponses.


À noter également qu’un planificateur financier a habituellement une formation dans d’autres domaines et pourra faire des liens avec des éléments tels la fiscalité, comme nous le verrons dans le prochain exemple.

5. Ne pas tenir compte de la fiscalité

La plupart des Québécois savent que le CELI est exempt d’impôt, que le REER permet de le reporter tout en bénéficiant une déduction équivalente au taux marginal et que le REEE offre des subventions qui peuvent dépasser 30%. Mais connaissent-ils vraiment les impacts fiscaux réels des différents véhicules de placement?


Le Centre québécois de formation en fiscalité a développé un outil qui évalue l’impact d’une cotisation REER en tenant compte de toutes les mesures fiscales et sociales.


En tenant compte des données de 2022, l’exemple d’une famille de deux enfants (courbe 222) dont le revenu annuel est de 62 000$ (répartition entre les conjoints 60% / 40%) illustre qu’une contribution REER de 1 000$ permet de récupérer 62,7%.


Mais attention, chaque situation est unique et demande une analyse approfondie.

Donc, avant de vous faire dire que le CELI est plus avantageux que le REER, jetez un coup d’œil sur cet outil. La réponse sera : ça dépend de votre situation.

6. Penser en termes de rendements plutôt qu’en termes de gestion des risques

Quand j’ai débuté ma carrière en 1992, les clients « magasinaient » un taux. Il faut dire qu’à l’époque, le taux de la Banque du Canada était passé de 14,05% en 1990 à 4,11% en 1993. À chaque échéance de certificat de placement garanti, le taux offert par les banques et caisses Desjardins était plus bas que le précédent.


C’est d’ailleurs ce qui a causé une hausse importante de l’actif des fonds communs de placements. Les investisseurs et les planificateurs financiers ont alors commencé à penser en termes de gestion des risques et de diversification de portefeuille. Si vos investissements sont concentrés dans un secteur pour plus de 20% de votre portefeuille, allez voir votre un planificateur financier pour revoir la répartition d’actif.

7. Oublier d’augmenter son investissement mensuel

Il fut un temps où il y avait une ruée vers les institutions financières en février pour acheter un REER avant la « date limite ». Les planificateurs financiers et représentants en épargne collective travaillaient jusqu’à tard le soir. Cette pratique d’une absurdité sans entendement est, enfin je l’espère, révolue.


Un plan d’épargne doit tenir compte d’une contribution mensuelle ou mieux encore, d’une contribution à chaque jour de paie. Il n’y a pas de date prévue au calendrier pour investir dans votre CELI ou REER.


Si vous vous habituez avec un montant mensuel, assurez-vous de l’augmenter à chaque année. Le pire qui pourra vous arriver est de prendre de l’avance et d’atteindre votre objectif plus rapidement!

8. Ne pas penser à long terme

Investir 100$ par mois, ce n’est pas énorme. Mais si vous avez 25 ans, et que vous augmentez ce montant de 5% à chaque année, vous aurez accumulé la jolie somme de 336 500$ à 65 ans (avec une hypothèse de rendement de 5%). Ce calculateur d'Épargne Placements Québec vous permet d’inscrire les chiffres que vous voulez.


Pour conclure, le meilleur conseil à donner est de ne pas agir seul et de demander l’aide d’un professionnel des services financiers. À partir d’un diagnostic, un planificateur financier pourra vous aider à établir des objectifs et un plan adapté à votre situation.

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